
Une nouvelle persécution frappe les prisonniers politiques Ridha Belhadj et Ghazi Chaouachi, ainsi que leurs familles. Les deux avocats ont été transférés de la prison de Mornaguia vers celle de Siliana pour Me Belhadj, et celle d'Ennadhour à Bizerte pour Me Chaouachi, selon leur avocat Abdorahman Hassen Chouchane.
Nous apprenons également le transfert de Issam Chebbi à la prison de Borj Erroumi à Bizerte.
« J'ai essayé de rencontrer le directeur de la prison, et un des membres du personnel m'a informé que l'administration pénitentiaire avait reçu hier un télégramme de l'Autorité générale des prisons concernant le transfert de mes collègues », nous affirme Me. Chouchane.
L’avocat s’interroge : « Pourquoi tant de revanche et de haine envers mes collègues et leurs familles ? N'est-il pas suffisant qu'ils soient emprisonnés, que leurs familles subissent ces contraintes et soient obligées de parcourir des centaines de kilomètres pour leur rendre visite, alors qu'elles sont privées de visites directes depuis des années ? »
Ghazi Chaouachi, Issam Chebbi et Ridha Belhadj sont détenus depuis le 24 février 2023 dans l’affaire dite du complot contre l’État 1. Ils ont été condamnés tous les trois à 18 ans de prison ferme et attendent désormais l’examen de leur pourvoi en appel.
Par la suite, Me Dalila Ben Mbarek Msaddek, avocate de la défense dans cette affaire, a confirmé que d’autres détenus avaient également été transférés de la prison de la Mornaguia. Il s’agit de l’ancien cadre sécuritaire Kamel Bedoui (condamné à treize ans), désormais incarcéré à la prison de Sers, et de l’homme d’affaires Kamel Letaïef (condamnné à 66 ans), transféré à Borj El Amri.
L’avocate a ajouté que le sort des autres condamnés restait, pour l’heure, inconnu. Dans un commentaire virulent, elle a dénoncé les agissements du pouvoir en ces termes :
« Vous n’avez pas été rassasiés par vos accusations mensongères et l’arrestation d’innocents depuis plus de deux ans, sans crime… Le désir de vengeance qui vous habite n’a pas été apaisé par les longues années de prison que vous leur avez infligées, sans procès ni défense… Et voilà que vous décidez désormais de les éloigner dans des prisons isolées, pour les couper du monde extérieur et les priver des visites de leurs avocats, qui seules atténuent l’oppression de votre injustice… ».
R.B.H.